Cas concret : Une réhabilitation à partir de matériaux réemployés à Rouen
Article écrit par Léa Credidio – Architecte : Atelier Infini.
Léa Credidio, architecte et ancienne étudiante à l’Ecole Nationale supérieure d’architecture de Normandie est missionnée par l’établissement pour réaménager l’ancienne maison du gardien en un espace de création et d’innovation architecturale : La Frutière.
Véritable structure d’appui et catalyseur pour impulser et faciliter l’innovation dans l’exercice du métier, La Fruitière a pour objectif premier de favoriser l’émergence d’un entrepreneuriat innovant dans le domaine de l’architecture. Son ambition est d’accompagner les jeunes entrepreneurs.
La Fruitière est un bâtiment sur deux niveaux de la fin du 19ème siècle, de 86 m² dans l’enceinte de l’école d’architecture. Dans le cadre de cette réhabilitation, l’objectif est de réemployer au maximum les matériaux existants sur place et dans l’enceinte de l’école.
La première étape : un diagnostic déchet et un inventaire photographique au sein du bâtiment
Un diagnostic déchet et un inventaire photographique ont été effectués par la société Backacia. Ils permettent de donner une tendances des éléments à réemployer. Ils sont essentiels pour effectuer du réemploi in situ.
Matériaux éligibles au réemploi : radiateurs, portes alvéolaires bois, lavabos
Matériaux éligibles au réemploi : luminaires, stores, fenêtres PVC
Matériaux éligibles au réemploi : luminaires néon, sanitaires
©Backacia
Suite à ce diagnostic, l’ensemble de ces éléments a été conservé. Le WC a été déposé soigneusement puis reposé un étage en dessous. Les autres éléments ont été réutilisés tels quels, un parti-pris de la maîtrise d’ouvrage souhaitant conserver des éléments qui pourraient paraître comme « démodé », comme les luminaires. Ils fonctionnent donc ils sont gardés.
L’autre particularité du projet a été de réemployer des éléments d’autres bâtiments faisant partie de la même structure. Le projet se trouve dans l’enceinte de l’école d’architecture qui est divisée en plusieurs bâtiments. L’architecte a proposé à la maîtrise d’ouvrage de regarder parmi le matériel présent dans les différents bâtiments afin de savoir si des éléments pouvaient être réemployés. Effectivement, les étagères installées auparavant dans certains bureaux avaient été stockées et ont pu être réemployées.
La conception : Adapter ces usages et son programme au bâtiment
Le but a été de transformer le moins possible le bâtiment existant et de travailler avec ses contraintes à savoir, plusieurs pièces exiguës. Ces petits espaces nous ont permis de créer différentes typologies de bureaux : Pour 3 et 4 personnes et des bureaux individuels. Ainsi, l’école pourra proposer plusieurs offres d’hébergement. Enfin, la salle de réunion (ancien séjour) a été pensée pour être modulable.
La recherche du mobiliers réemployés : Mise en place d’un inventaire des contraintes
Une fois les éléments identifiés au sein de la maison du gardien, un inventaire du matériel a été réalisé ainsi qu’une liste de contraintes techniques :
Des bureaux : 9 → Le plateau doit être démontable à cause de l’escalier étroit. La dimension d’un plateau doit être comprise entre 1100×600 à 1300×800 mm.
Des petites tables : 10 → Doivent être légères, facilement déplaçables et comprises entre 300×500 à 400×700 mm.
Des chaises → Doivent comprendre un dossier, facilement déplaçables.
Des sièges de bureaux : 9 → Doivent être ergonomiques.
Des étagères ou rangements → Variables : Peuvent être ouverts ou fermés.
Une kitchenette → Dimension maximum longueur : 2m60.
Après des recherches sur les plateformes de revente de matériaux, l’école d’architecture s’est fournie chez un acteur local : Burodoc, fournisseur de mobilier de bureau et vendant du mobilier d’occasion.
Le chantier : travailler avec des entreprises moteurs
L’entreprise en charge du chantier a joué le jeu et a proposé de fournir des plaques d’OSB issues de chutes de différents chantiers ainsi que des chutes de plaques de plâtre. Souhaitant créer une uniformité parmi l’ensemble des plaques OSB fournies et leurs différences de teintes, la maîtrise d’ouvrage a proposé d’appliquer une finition blanchâtre afin d’uniformiser le sol et d’agrandir l’espace.
Anecdote du projet :
4 anciens étudiants ont collaboré pour ce projet :
Louise AUMONT, architecte D.E, chargée de projet réemploi chez Backacia, elle a réalisé le diagnostic déchet et un inventaire photographique.
Russell JAGGER, architecte HMONP à son compte, il a réalisé le relevé de cette maison.
Tanguy BROHART, architecte D.E, perspectivistes, il a réalisé les visuels du projet.
Et enfin Léa CREDIDIO de l’Atelier Infini, architecte HMONP à son compte, elle a été en charge de la mission d’aménagement d’intérieur et de la recherche des entreprises en phase conception.
À propos de l’autrice :
Léa CREDIDIO est architecte à son compte. En 2017, elle fonde Atelier Infini une agence d’architecture engagée mettant en œuvre le réemploi de matériaux de construction au sein d’architecture et d’architecture intérieur.
Site de l’école d’architecture : www.rouen.archi.fr