Julien Jussaume, président de General Metal Edition
General Metal Edition c’est le savoir-faire d’un métier traditionnel : charpentier métallier ; et la volonté de s’inscrire dans une démarche de développement durable et vertueux. Interview de Julien Jussaume, le président.
Pouvez-vous vous présenter ?
Né dans les années 70, j’ai fait un bref passage aux Beaux-arts avant de travailler, en tant que constructeur, dans le domaine du spectacle.
C’est à cette période que j’ai commencé à toucher la matière pour finir par me spécialiser rapidement en serrurerie métallerie.
À 26 ans, j’ai créé General Metal et me suis orienté vers la construction traditionnelle. La fabrication de structures métalliques m’a alors amenée à collaborer avec des architectes et ingénieurs spécialisés. Le fait des rencontres, en particulier avec l’un d’entre eux, m’a mis le pied à l’étrier.
En l’espace de quelques années, la boîte a très vite grossi.
À ce jour nous répondons aussi bien :
- à des appels d’offres publiques ;
- à la réalisation sur-mesure pour particuliers ;
- aux autres demandes de production en série industrielle.
Pouvez-vous nous parler de votre métier ?
Je dirige donc General Metal Edition : une PME qui façonne la matière première qu’est l’acier et le métal, depuis plus de 20 ans.
Nous travaillons divers types d’ouvrages :
- charpente de bâtiments,
- escaliers,
- garde-corps,
- machineries pour l’industrie et le spectacle,
- mezzanines,
- maisons,
- mobilier.
À ce titre, nous imaginons, dessinons, calculons, fabriquons et posons des ouvrages métalliques pour des bâtiments entiers ou des opérations localisées, à destination des architectes ou maîtres d’ouvrage en charge du projet.
Comment se déroule une journée type ?
Les équipes en atelier embauchent tôt : 7h du matin. Avec dans leurs mains les plans d’exécution en provenance du bureau d’études, elles s’attèlent au boulot : fraiser, couper, meuler, plier… pour façonner la matière première et créer le produit fini.
Les équipes chantier commencent également tôt et s’occupent de l’assemblage, c’est-à-dire boulonner les objets fabriqués en atelier à bord d’engins de levage : chariots télescopiques, nacelles…
Enfin, nous avons aussi le bureau d’études de dessinateurs, composé d’un jeune ingénieur et d’un architecte. Les calculs sont quant à eux réalisés par des bureaux d’études extérieurs.
Votre entreprise met-elle en place des actions en faveur de l’environnement ? Si oui, lesquelles ?
Nous avons lancé une nouvelle initiative en plein confinement. Nos activités étant au ralenti l’année passée, ce fut l’occasion idéale pour prendre du temps et devenir particulièrement créatifs. Il y a plein de choses à inventer pour concilier l’avenir de son entreprise et celui de sa planète.
Cette nouvelle activité est née d’une demande croissante et de l’expérience. Pour la petite histoire, nous devions remplacer un garde-corps, en parfait état pour ne pas dire neuf, par des grillages métalliques sur un chantier.
Alors qu’il nous paraissait idiot de le jeter ou de le recycler, au même moment, un autre client avaient besoin de ce type de produit. En proposant ce garde-corps démonté à notre client, qui fut ravi de la démarche, nous avons adapté le projet en fonction des besoins de chacun.
En plus de notre métier courant traditionnel, nous avons donc créé General Metal Réédition (GMRe) : une branche complémentaire dédiée au réemploi d’ouvrages de constructions métalliques récupérées lors de la déconstruction de bâtiments en Île-de-France.
L’objectif ?
Limiter le recyclage très énergivore en carbone.
Pionniers en la matière, nous prévoyons aussi de faire établir par un bureau d’études une FDES (Fiche de déclaration environnementale et sanitaire) pour valider notre démarche développement durable. Cette fiche n’existe pas encore pour le réemploi du métal alors qu’environ 80 % d’empreinte carbone est évitée à chacune de nos opérations.
En parallèle, nous sommes en train de développer une plateforme numérique proposant des ouvrages et pièces à nos parties prenantes, principalement les architectes et nos confrères.
La plateforme doit servir le travail des maîtres d’ouvrages et maîtres d’œuvre grâce à une sélection fine de produits . Nous avons également réfléchi à une série d’innovations techniques liées à cette plateforme qui vont radicalement transformer l’interaction entre l’offre et la demande. Rendez-vous dans quelques semaines !
Pourquoi avoir choisi cette voie ?
En métallurgie, 95 % de l’acier utilisé est recyclé, autrement dit refondu, la plupart du temps en fours électriques de surcroît, à l’étranger.
L’industrie métallurgique, c’est 300 kg de CO2 par tonne recyclée, ce qui représente 21 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France.
Ces chiffres, qui parlent d’eux-mêmes, nous paraissent être une bonne raison pour nous engager dans cette voie.
Quelles sont les étapes de votre processus de réemploi ?
Nous intervenons avant même la démolition des bâtiments. Notre légitimité dans le domaine, due à notre spécialisation matériau, nous permet par ailleurs de répondre de façon globale à une demande avec 5 prestations principales :
- expertiser : faisabilité ou non de la déconstruction ;
- démonter de façon intelligente : repreneur ou plateforme digitale ;
- co-stocker : stockage distribué et local pour limiter les transports inutiles ;
- façonner : mise aux nouvelles spécifications, adaptation, ajustement dans nos ateliers de fabrication ou travail de finition chez nos partenaires extérieurs ;
- poser : reconstruction des ouvrages modifiés selon le nouveau cahier des charges.
Tout n’est cependant pas réemployable, nous choisissons donc les opérations de réemploi avec soin.
Avez-vous quelques exemples en tête ? Un chantier en cours ?
Dans le cadre de notre démarche de réemploi d’ouvrages métalliques, nous souhaitons faire participer des professionnels à un projet inédit et particulièrement ambitieux qui n’est autre que le réemploi d’une charpente métallique de 85 tonnes.
La structure en question, 1 500 m² au sol sur 2 niveaux, a été construite en 2013 dans le cadre d’une exposition désormais terminée. Elle est à disposition : démontée et conditionnée.
En recherche d’un repreneur dans le cadre d’un projet social et solidaire, nous collaborons aussi avec le bureau d’études concepteur de l’ouvrage pour définir les choix reconstructifs les plus intelligents.
Avez-vous déjà partagé des ressources et / ou du matériel avec des confrères ?
Les opérations ont souvent lieu sur le coup.
Depuis quelques temps, il nous arrive de réaliser des déconstructions, pour des démolisseurs ou notre compte, par le biais de l’association Travail et Vie qui promeut la réinsertion par le travail. Nous collaborons avec une véritable équipe de choc pour effectuer les démontages !
Aussi, il est possible que nos partenaires électriciens viennent démonter gratuitement nos sites, en échange de tout ce qui est réemployable ou recyclable par exemple.
Nous travaillons également en collaboration avec des démolisseurs pour valoriser leur matière acier.
Comme pour les affaires directes avec des maîtres d’ouvrage, il s’agit surtout d’un échange de bons procédés adapté à chaque situation.
En ce qui concerne le matériel, nous travaillons avec les loueurs, en contrat de location journalière. Nous n’avons d’ailleurs plus de matériel à nous, mis à part dans les ateliers.
Comment pensez-vous qu’Articonnex puisse vous aider dans votre activité ?
Depuis 20 ans, nous avons eu le temps de construire notre propre réseau.
Mais au sujet du réemploi de matériaux, la plateforme Articonnex est particulièrement intéressante pour nous inscrire dans l’écosystème du réemploi en France.
Pour en savoir plus sur le travail des équipes, rendez-vous sur leur site officiel : http://www.generalmetaledition.fr/