Comment analyser le cycle de vie d’un matériau réemployé dans le bâtiment ?

Publié le 26 août 2021 par Sarah

En intervenant à plusieurs étapes du cycle de vie d’un produit, la pratique du réemploi permet de réduire l’empreinte carbone du secteur de la construction. Qu’est-ce qu’une Analyse de cycle de vie (ACV) ? Quelques pistes pour valoriser le dispositif de réemploi.

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© Khashayar Kouchpeydeh sur Unsplash

Au-delà de l’engagement moral induit par le réemploi, il apparait essentiel de mesurer le résultat de ces démarches. L’exercice reste toutefois périlleux ; tant aucune méthodologie officielle n’a encore été avancée.

Pas de surprise : à chaque étape de son cycle de vie, un produit consomme des ressources naturelles. L’ACV est une méthode d’évaluation des impacts environnementaux d’un produit sur l’ensemble de son cycle de vie :

  1. extraction des matières premières,
  2. étapes de mise en œuvre,
  3. vie œuvre,
  4. traitement en fin de vie.

Outil normalisé, l’ACV est l’approche la plus fonctionnelle en termes d’évaluation globale et multi-critères, résultant de l’interprétation du bilan mesuré des flux de matières et d’énergies entrants / sortants à chaque étape du cycle de vie du matériau.

Les étapes du cycle de vie d’un produit dans la construction

Les étapes du cycle de vie sont directement impactées par le recours au réemploi ; il n’y a pas de débat sur ce point. D’après les Fiches de données environnementales et sanitaires (FDES) collectées par le CSTB concernant les Analyses de cycle de vie (ACV), il existe 4 grandes étapes subdivisées :

Étape de production (A)A1
A2
A3
Approvisionnement en matières premières
Transport
Fabrication
Étape du processus de construction (A)A4
A5
Transport
Processus de construction – Installation
Étape d’utilisation (B)B1
B2
B3
B4
B5
B6
B7
Utilisation
Maintenance
Réparation
Remplacement
Réhabilitation
Utilisation de l’énergie durant l’étape d’utilisation
Utilisation de l’eau durant l’étape d’utilisation
Étape de fin de vie (C)C1
C2
C3
C4
Déconstruction / démolition
Transport
Traitement des déchets
Élimination
Au-delà du système (D)DBénéfices et charges au-delà des frontières du système

Le matériau issu du réemploi ne peut cependant pas être comparé à son équivalent neuf ! Il doit au mieux être mis en balance avec les deux matériaux qui auraient été choisis à défaut : celui en phase de production mais aussi celui en fin de vie. La filière de réemploi est ainsi considérée dans son ensemble, c’est-à-dire la Maîtrise d’ouvrage (MOA) qui offre le matériau à réemployer (production) et la MOA qui réemploie le matériau (fin de vie). Voilà tout l’intérêt d’une ACV : comparer les impacts réels du scénario avec réemploi à celui du schéma plus traditionnel.

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© Khashayar Kouchpeydeh sur Unsplash

Une fois les étapes du cycle de vie d’un produit modifiées dès lors qu’il est réemployé, viennent les phases propres au réemploi :

  • le transport vers un lieu de stockage / atelier,
  • les opérations de remise en état, d’adaptation ou de reconditionnement,
  • le transport vers le nouveau site du projet au sein duquel sera réemployé la matériau.

Au-delà de ces étapes, les efforts supplémentaires générés par la démarche de réemploi doivent être comptabilisés :

Au final, l’objectif est avant tout de prolonger la phase d’utilisation du matériau en évitant à chaque nouveau cycle, la fabrication d’un matériau neuf et son élimination.

Sur quels indicateurs baser l’Analyse du cycle de vie produit ?

Pour exprimer les résultats de l’ACV et raisonner à service rendu identique, une unité fonctionnelle est définie. C’est un élément de mesure qui permet de quantifier la fonction remplie par le matériau de construction étudié.

Les résultats d’une ACV s’expriment d’après une série d’indicateurs, présentant à la fois des impacts potentiels et physiques. La FDES en propose jusqu’à 16 dont 6 critères environnementaux :

  • réchauffement climatique (kg CO2 eq),
  • épuisement des ressources abiotiques (kg Sb eq),
  • eau douce consommée (m3),
  • énergie primaire consommée (kWh),
  • air pollué (m3),
  • déchets produits (kg).

Comment quantifier ces réductions d’impact environnemental ?

Bien que le procédé méthodologique s’affine au fil du temps, il reste difficile de mesurer certaines étapes. Qui peut définir avec précision les consommations en énergie / eau de l’artisan qui démonte et récupère du parquet à des fins de réemploi sur un nouveau projet ?

D’un autre côté, d’autres éléments à impact positif sont oubliés comme la revalorisation générale des métiers de la construction ou encore la création d’emplois non délocalisables (Technicien en valorisation des ressources du bâtiment).

Articonnex : un acteur local du réemploi

Même si le chemin est encore long, les initiatives se multiplient. La Fondation énergie bâtiment et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) ont par ailleurs mis en place un groupe de travail qui planche actuellement sur le sujet.

Le changement est donc en marche et peut être porté par chaque acteur de la construction. Chacun à son échelle.

En tant que professionnel du bâtiment, tournez-vous vers la construction durable et inscrivez-vous dans une économie plus circulaire.

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